La guerre des voitures électriques s’intensifie.
Alors que les constructeurs chinois annoncent à grands renforts de publicité des modèles capables de parcourir plus de 1 000 km d’autonomie, Mercedes a décidé de remettre les pendules à l’heure.
Un dirigeant du groupe allemand n’a pas mâché ses mots : ces chiffres, selon lui, relèvent plus de la théorie marketing que de la réalité technologique.
Et sa comparaison a fait le tour du monde : “C’est comme marcher sur la glace mince : impressionnant, mais dangereux.”
Le défi chinois : 1 000 km d’autonomie, vraiment ?
Depuis plusieurs mois, plusieurs marques chinoises — notamment NIO, XPeng et Li Auto — revendiquent avoir franchi la barre mythique des 1 000 kilomètres sur une seule charge.
Des chiffres qui, sur le papier, pulvérisent les records de Tesla, BMW ou Mercedes.
Mais les ingénieurs européens restent prudents.
Car ces valeurs d’autonomie sont souvent mesurées selon des cycles très optimistes (CLTC), utilisés uniquement en Chine, et réputés pour surestimer la distance réelle de 20 à 30 %.
“Les chiffres sont impressionnants, mais dans des conditions idéales.
Sur route, avec du vent, des montées et la climatisation, la réalité est tout autre.”
— explique Markus Schäfer, directeur technique de Mercedes-Benz
Selon lui, l’autonomie ne doit pas être l’unique critère de comparaison : sécurité, durabilité et efficacité énergétique sont tout aussi essentiels.
Mercedes contre-attaque avec la rigueur allemande
Mercedes a choisi de répliquer non pas avec des slogans, mais avec des démonstrations concrètes.
Son prototype Vision EQXX, déjà testé sur route entre Stuttgart et Cassis, a parcouru plus de 1 200 km avec une seule charge — mais sans compromis sur la sécurité ni la longévité de la batterie.
L’approche allemande consiste à privilégier l’efficacité globale :
baisse du poids, aérodynamique optimisée, gestion thermique intelligente et rendement énergétique supérieur à 95 %.
“Il ne suffit pas d’ajouter des cellules pour augmenter l’autonomie.
Chaque gramme, chaque watt doit être maîtrisé.”
— a ajouté Schäfer lors d’une conférence à Munich
Cette philosophie s’oppose radicalement à la course à la batterie géante que mènent certains constructeurs chinois.
Les risques cachés derrière les batteries surpuissantes
Selon Mercedes, atteindre 1 000 km d’autonomie avec les technologies actuelles impose des batteries énormes et très lourdes, souvent supérieures à 130 kWh.
Résultat :
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des véhicules plus chers,
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plus difficiles à refroidir,
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et potentiellement plus instables en cas de choc ou de surcharge.
“C’est un équilibre précaire”, explique un ingénieur du groupe.
Une batterie de cette taille, si elle est mal refroidie ou fabriquée à bas coût, augmente les risques de surchauffe et de dégradation prématurée.
Mercedes ne critique donc pas seulement les chiffres, mais le manque de transparence sur la fiabilité de ces nouvelles générations de batteries.
“Promettre 1 000 km aujourd’hui, c’est comme marcher sur la glace mince :
ça semble solide, jusqu’à ce que ça cède.”
— Markus Schäfer
La bataille de la crédibilité technologique
Cette pique de Mercedes intervient alors que les marques chinoises gagnent rapidement du terrain en Europe.
NIO, BYD ou encore Zeekr s’imposent avec des modèles design, performants et souvent bien moins chers que leurs équivalents allemands.
Mais pour Mercedes, l’enjeu est clair : préserver la confiance et la fiabilité de la marque, valeurs que les consommateurs associent encore au “made in Germany”.
Les experts estiment que les promesses d’autonomie extrême sont avant tout des armes marketing dans une bataille psychologique où chaque constructeur tente de se présenter comme le plus avancé.
La stratégie Mercedes : moins de promesses, plus de preuves
Face à l’euphorie autour des chiffres spectaculaires, Mercedes adopte une approche plus pragmatique.
Ses modèles électriques actuels, comme la EQE et la EQS, offrent entre 600 et 780 km réels d’autonomie WLTP, soit parmi les meilleures performances du marché — et mesurées selon des standards vérifiés internationalement.
La marque mise aussi sur la prochaine génération de batteries au silicium et lithium-métal, annoncées pour 2026, qui devraient permettre 30 % d’autonomie en plus sans alourdir les véhicules.
“La course n’est pas à celui qui annonce le plus,
mais à celui qui garantit ce qu’il promet.”
— a conclu Schäfer avec une pointe d’ironie
Une nouvelle guerre froide automobile
Derrière les sourires diplomatiques, c’est une véritable guerre froide technologique qui s’installe entre l’Europe et la Chine.
Les marques chinoises veulent prouver qu’elles peuvent battre les géants allemands sur leur propre terrain.
Mais Mercedes rappelle que la véritable innovation ne se mesure pas en kilomètres, mais en fiabilité et en maîtrise du risque.
Alors que certains rêvent déjà de dépasser les 1 200 km d’autonomie, le constructeur de Stuttgart envoie un message clair :
mieux vaut une voiture sûre et durable qu’un monstre de laboratoire qui pourrait fondre sous la pression.